La honte
Avez-vous déjà vécu une compétition ou vous avez nagé un 50 mètres de brasse et vous êtes arrivé bonne dernière ?
Moi oui.
J’avais 11 ans. C’était ma 5 ème année de compétition. J’avais déjà gagné des compétitions. Je m’entrainais dure. J’aimais nager et la compétition. J’aimais aussi gagner.
Ce jour là je suis arrivée dernière. Dernière et de loin après les autres. Je suis sortie en colère, en rage contre moi d’avoir été aussi nulle. J’ai pleuré de mon mauvais résultat. J’avais honte d’avoir été aussi nulle.
Ce n’est pas la première fois que j’ai eu honte de moi. Honte de mon résultat : dernière. Je me revois encore nageant avec rage de voir que les autres m’avaient largement devancer.
Cette honte, je vous la partage aujourd’hui. La honte, c’est un sentiment silencieux. On n’en parle pas de ce qui nous rend triste. Encore plus que cela, la honte est une douleur morale si intense que l’on n’arrive pas à la dire. Bien sûr, il faut une oreille bienveillante, non jugeante de celle aimante comme on l’aimerait tous à avoir auprès de soi. Il est vrai que l’on ne peut pas tout dire à tout le monde car tout le monde ne sait pas écouter, ne le souhaite pas, ou ne le fait pas toujours bien.
Le plus drôle, c’est quand mon maitre-nageur est venu me félicité pour mon score. J’ai même eu le droit à une médaille. J’étais seule dans ma catégorie d’âge et il m’avait fait nager avec la catégorie du dessus. Mes résultats étaient bon (temps de nage) même très bon. Cependant, le sentiment de honte est resté. J’étais arrivée dernière et tout le monde avait vu cela. La honte est aussi liée au regard des autres ou celui que l’on pense qu’ils vont porter sur nous.
Celle-ci a fini par passer mais d’autres ont persisté. Je viens de me libérer de ma plus grande honte. Celle d’une violence vécue à l’âge de 22 ans. Je ne voulais pas y croire. Cela ne m’était pas arrivé à moi. Non, ce n’était pas possible. Alors je me suis persuadée que cela n’avait pas existé.
Ce secret m’a fait persisté dans un mauvais choix pour éviter la vérité.
Ce ne sera pas la dernière honte de ma vie. Aujourd’hui, j’ai 50 ans. Je suis donc expérimentée. J’ai aussi gagné en sagesse. Celle qui vous apprend que dire ce que l’on cache c’est se faire du bien. Oser parler de ce qui nous a fait mal, c’est faire preuve de courage face à la vie et à la douleur. C’est donc cheminer vers son mieux-être. C’est être plus libre en déposant la charge du secret. On se sent tellement plus léger une fois que les mots sont exprimés. La douleur s’envole. On est encore plus libre.
Alors je vous encourage à regarder au plus profond de vous ce qui vous a fait mal au point de le taire pour vous faire du bien. Oser la vulnérabilité d’être imparfait car vous êtes un être humain, un être sensible, un être émotionnel. Vous êtes humain.